Be my teddybear ϟ NAOKI

Masaki était intenable d'habitude, mais lorsque arrivait la rentrée il devenait carrément ingérable. Il savait qu'il allait retrouvé tous ses potes du dortoir et, surtout -son cher colocataire - qui continue à l'envoyer boulet malgré le temps qu'ils ont passés ensembles - et cela le remplissait de joie. Cela signifiait qu'il allait passé une autre merveilleuse année. Il n'aurait plus manqué que Naoki accepte enfin de briser sa carapace et tout serait parfait. Enfin, ce n'est pas comme si Masaki allait baisser les bras. Quoiqu'il arrive il n'est pas question qu'il laisse Naoki en paix tant qu'il n'aurait pas cédé, il deviendrait son ami quoiqu'il lui en coute !

Dès qu'il était arrivé, il avait tout de suite était saluer ses amis, prévoyant avec eux de faire une petite fête pour célébrer leur retour à Gakuen. Il avait discuté avec eux un petit moment, parlant de leurs vacances tout en se demandant ce qui les attendait tout au long de cette nouvelle année. Après cela, il s'était dirigé vers son dortoir, sautillant d'avance à l'idée de retrouver Naoki. Il avait ouvert doucement la porte avant de jeter un coup d'oeil et il avait rapidement prit en se rendant compte que leur chambre était vide. Il soupira devant ce mauvais début de rentrée, traînant sa valise jusqu'à son lit avec morosité, il commença à sortir ses affaires et à les ranger sans aucun entrain. Il détestait se retrouver seul, cela le déprimait plus efficacement qu'une soirée d'orage. C'était plus fort que lui, dès qu'il était seul il se sentait abandonné. Il lui tardait vraiment que Naoki arrive. Il espérait que celui-ci aurait passé de bonnes vacances et que cela le rendrait plus ouvert à un rapprochement. Franchement, Masaki ne comprenait pas pourquoi son colocataire se montrait si distant. Masaki avait pourtant toujours eu l'impression d'être quelqu'un de sympathique et d'agréable à vire, et pourtant Naoki ne lui laissait pas la plus petite chance de se rapprocher de lui. C'était à n'y rien comprendre. Il se figea en entendant la porte s'ouvrir et se retourna avec l'espoir de voir Naoki. Un sourire éclaira son vidage quand il vit que c'était bel et bien son colocataire qui se trouvait là. Il tentait de lutter contre l’instinct qui lui disait de se jeter sur lui, mais ne tint pas longtemps avant de s'accrocher à lui comme une sangsue.

Naoki-kun. Comment ça va ? Est-ce que tes vacances se sont bien passées ?

Masaki continuait de s'accrocher à Naoki ayant peur que s'il le lâche celui-ci se contente de l'ignorer.

Il leva le regard vers le soleil qui dardait ses rayons à travers l'imposante toile mélancolique s'étendant au-dessus de son visage. Le jeune homme démontra son manque de motivation, son désarroi de suivre une nouvelle année scolaire. Seul, il n'avait aucun ami - il n'en voulait pas. Narcissique, Naoki n'embrassait que sa propre personne, son égaux et son orgueil. De marbre, il se tenait là - juste devant le portail du lycée. Avant de franchir le seuil d'entrée, un énième soupir quitta le seuil de ses lèvres. Il se rappela de son colocataire, Masaki, une pile électrique qui n'avait de cesse que de le tourmenter.

« ... » Il agrippa son sac par la poignée, le plaqua sur son dos et franchit le portail. Ses mains se joignirent à ses poches, tandis qu'il emprunta un couloir annexe du bâtiment pour être tranquille. Il venait de passer les pires vacances de sa vie. Le jeune garçon apprit que son père était atteint d'une grave maladie du coeur et qu'elle était incurable, ses jours étaient comptés. Il pleurait intérieurement, ne voulant pas s'ouvrir au monde, il s'infligeait une perpétuelle souffrance. Qu'importe, Naoki refoula ses pensées. Il esquiva les regards, les salutations de quelques élèves qu'il croisa dans le couloir et s'arrêta devant la porte de sa chambre. Il arriva tôt, dans le but d'être seul et de pouvoir s'installer, sans avoir à subir les folies de Masaki. Il tira la poignée et poussa la porte pour rentrer dans la demeure qu'il pensait inhabité. Aussitôt, son visage se dépita. On aurait dit une fan se jetant sur son idol. Il ne pouvait plus bouger. « C'est quoi ton problème ? » Lâcha-t-il avec une certaine froideur. Il le repoussa avec ses mains, pour se dégager. Malgré tout, au fond de lui, il appréciait sa présence car c'était la seule personne qui avait réussi à conquérir son estime. « Imbécile. » Il le contourna, posa le sac sur le lit et fouilla dedans, comme s'il cherchait quelque chose. Il attrapa une chemise blanche, avec des nuances d'orange et de vert. « Tu n'es même pas capable de prendre soin de tes affaires. » Une humeur exécrable synonyme d'une carapace inviolable. Il envoya la chemise vers Masaki. L'année dernière, en partant, Masaki l'avait oublié dans le dortoir. Ce geste était la preuve que Naoki avait un coeur, comme les autres.

Vexé par la froideur de Naoki, Masaki prit son expression la plus mignonne. Il tentait de le faire flancher en lui faisant ses yeux de chiot abandonné -arme secrète marchant bien évidemment sur tout le monde exepté son colocataire- mais devint le peu de succès qu'il obtint, il revint à la moue boudeuse qu'il arborait dès que Naoki était dans les parages. « Mon problème ? C'est ça que tu me demandes en premier ? Tu ne vas même pas me dire que je t'ai manqué. Parce qu'à moi tu m'as manqué. » Il laissa Naoki l'éloignait, sachant qu'il était inutile de lutter contre lui. Naoki n'a beau pas avoir l'air bien baraqué, Masaki sait pour s'être plusieurs fois retrouver à la porte de leur chambre qu'il ne faut pas s'y fier. Il ne put s'empêcher de rire lorsqu'il le traita d'imbécile, venant de lui cela équivalait à une sincère preuve d'amitié, car Masaki avait vite fini par comprendre que lorsque Naoki était indifférent à quelqu'un ou le mépriser, il se contentait de l'ignorer. Ainsi, le fait qu'il le rabroue sans cesse était finalement un très bon signe, mais étant du genre borné Masaki ne voulait se contenter de cela. Il voulait réussir à socialiser son colocataire. Il retrouva son sourire, s'approchant de Naoki en sautillant, puis papillonnant des cils tout en lui répondant. « Moi aussi je t'aime, mon rayon de soleil... » Il haussa un sourcil curieux en le voyant chercher quelque chose dans son sac.

Il fronça des sourcils en reconnaissant sa chemise, se demandant bien pourquoi Naoki avait pris la peine de la prendre. Il s'apprêta à parler, mais s'interrompit bien vite en comprenant que derrière ses paroles assez rudes, Naoki s'était en fait montré incroyablement prévenant. Masaki ne put s'empêcher de prendre un air béat, certainement totalement idiot. Il n'arrivait pas à croire qu'il est pu faire quelqu'un d'aussi adorable. « Tu es le premier à dire que j'ai la plupart du temps une mémoire de poisson rouge, alors cela ne devrait pas t'étonner. » Quand cela ne concernait pas les cours ou les horaires d'ouverture de la fête foraine, il avait tendance à ne pas faire attention au reste. Il se mordit la lèvre fixant la chemise avec émotion puis n'y tenant plus, il se jeta à nouveau sur Naoki. Tant pis s'il finissait la nuit dans le couloir, ce qu'il venait de faire était trop mignon pour qu'il puisse se retenir. « Et puis quoi que tu en dises, tu étais là pour la récupérer. C'est tellement adorable ! » Une météorite aurait pu s'écraser sur la terre que cela n'aurait pas sorti Masaki de son délire. Il était totalement extatique face à ce geste inattendu.

Naoki ne semblait visiblement pas en mesure d'être ne serait-ce qu'une fois, poli. Il préférait se cacher derrière ce masque froid, qu'il brandissait fièrement. C'était une solution extrémiste, mais surtout celle qu'il trouvait la mieux, dans son cas. Il lui parlait à la limite du vulgaire, mais pourtant, le coeur du jeune garçon était gonflé d'un sentiment d'amitié. Un lien l'unissant à son colocataire. L'année dernière, en voyant la chemise de Masaki, il n'hésita pas une seconde à la prendre avec lui. Il lui rendit sa chemise simplement pour lui dire, merci, merci d'être là. Sans Masaki, Naoki ne serait plus que l'ombre de lui-même. « Mais tu ne t'arrêtes donc jamais ... » Il faut dire que l'expression écrite sur le visage de son colocataire était relativement attendrissante. Il donnait presque l'envie de le blottir dans ses bras. Il faisait peine. Le jeune garçon en décrocha un sourire très furtif, car oui, Masaki lui avait manqué et oui, il languissait de le revoir. C'était visible. Sur son visage, il était clairement perceptible qu'il se retenait de sourire. Son regard se posa à nouveau sur son colocataire. Ils étaient si opposés, autant psychologiquement que physiquement et pourtant, d'une certaine façon, ils se ressemblaient. Naoki détourna ses yeux, pour les posés sur son lit. « Détrompe toi, je n'ai pas pris la chemise pour te faire plaisir, ou quoi se soit d'autre. » Lui avoua-t-il en refermant son sac. « Je ne voulais pas que l'on pense que je porte ce genre d'affaire. » Une tentative maladroite. Il n'y avait pas besoin d'être devin, pour prédire que ses paroles étaient fausses. « ... ! » Il eut tout juste la peine de se relever du lit, que Masaki lui sauta dessus - et encore le mot était faible - c'était un câlin puissance mille. Impossible de s'en défaire. « Qu'est-ce qui ne va pas avec toi ? » Dit-il d'un air gêné, tout en essayant de se démêlait de l'étreinte du jeune fanatique. Par chance, il réussit à se défaire des griffes de la bête. « J'en connais un qui va dormir dehors ce soir. » Railla t'-il, sans aucune once d'amusement. La sonnerie n'allait pas tarder à retentir. « Au lieu de raconter des bêtises, tu ferais mieux de te préparer. »